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En tant que directeur de structure, je me suis senti parfois seul dans ma fonction de manager. J’ai dû faire face à certaines circonstances au cours desquelles mes cours théoriques de management ne m’ont pas été d’un très grand secours.

Naturellement, je connaissais les principes du management agile, de l’accompagnement individualisé des collaborateurs (du « management situationnel » comme on dit non ?), l’importance du cadre dans la relation de travail, l’écoute active, l’assertivité… J’ai adhéré à ces approches, appliqué certains outils. Ils m’ont convaincu. Mais devant la complexité de la réalité et les sollicitations de tous bords, je me suis retrouvé plus d’une fois à douter de mes capacités et de ma posture managériale. J’entends d’ici d’anciens collaborateurs acquiescer.

Dans ces moments, je me souviens avoir été content de pouvoir m’appuyer sur mes collègues, directeurs de structures comparables à celle dans laquelle j’évoluais : mes « pairs ».

Un « pair » — homme ou femme — est comme moi, avec ses qualités et ses défauts. Mais surtout, il a la particularité de partager une réalité similaire à la mienne. Il se trouve donc enclin à mieux me comprendre. J’ai trouvé la plupart du temps en eux une grande qualité : ils m’ont apporté leur expérience, pratique, concrète, dans une relation d’égalité, loin des relations de pouvoirs qui minaient une partie des rapports que j’entretenais avec mon entourage professionnel. Cela m’a rassuré. Sans compter tous les trucs pratiques qu’ils m’ont enseignés et qui m’ont permis, non pas de résoudre par miracle toutes mes situations problématiques, mais de m’en sortir au mieux.

Depuis, je me suis spécialisé dans le rôle de facilitateur puis de superviseur de facilitateurs en codéveloppement professionnel. J’ai travaillé plus en détail le rôle du « pair », de la « parité » dans le processus d’apprentissage au cœur du codev.

En effet, en tant qu’« approche de formation qui mise sur le groupe et sur les interactions entre les participants pour favoriser l’atteinte de l’objectif fondamental : améliorer la pratique professionnelle. » [1] le codéveloppement professionnel fait de mes pairs, ceux qui me forment et que je forme. J’apprends des autres et j’apprends aux autres.

Ce rapport d’égalité permet à chaque membre du groupe d’en être pleinement l’acteur et de se protéger de la peur largement partagée de se sentir jugé négativement par les autres. Tous adoptent les principes de la « misota » et de la « prisota » chers à Claire et Marc Herber-Suffrin, instigateurs des Réseaux d’Échanges Réciproques de Savoirs [2]. Chacun « met au tas » des compétences communes ses savoirs et expériences et en retour « prend au tas » de nouveaux savoirs et expériences.

Cette mutualisation a le mérite, outre d’être concrètement très utile, de permettre d’expérimenter son propre rapport au don, sa capacité à recevoir, à écouter, à prendre conscience de ce qu’il se passe ici et maintenant. Elle met en valeur toutes sortes de savoirs, des plus académiques aux plus informels, des plus appliqués aux plus transversaux. Ici, l’apprentissage est valorisant, encourageant, enthousiasmant, quand ailleurs il a peut-être été beaucoup plus étouffant.

Ainsi, entre pairs, les membres d’un groupe de codev se découvrent des forces de co-construction et de co-élaboration des savoirs. Ils élargissent leur zone de confort, affinent leurs capacités d’articulation entre réflexion et action. Ensemble, ils renforcent leur pouvoir d’agir.

Je sais de mon côté ce que je dois à mes pairs. Je ne pourrais pas tous les remercier. Je vais pourtant profiter de ces lignes pour saluer une membre particulière de mon groupe de pairs durant ma formation en coaching professionnel à l’IAE de Lyon : Pascale Parlier. C’est elle qui m’a proposé un jour, il y a des années, de participer à un groupe de codev qu’elle était en train de créer. J’aurais manqué bien des satisfactions professionnelles et personnelles si elle ne m’avait pas reconnue à l’époque. Merci Pascale.

Et c’est avec une autre pair, Catherine, rencontrée au sein de notre fédération commune de coachs, la FFCPro, que j’accompagne aujourd’hui les managers pour qu’ils découvrent et expérimentent cette « fraternité du pair », selon la belle expression reprise par Philippe Collas [3].

Norbert Granget

À bientôt pour débuter la grande randonnée du codéveloppement managérial.
Catherine Launay & Norbert Granget


[1] A. Payette et Cl. Champagne, Le groupe de codéveloppement professionnel, PUQ, 2010, page 7.
[2] http://heber-suffrin.org
[3] https://www.philcodev.com/philippe-collas/